La petite fabrique d'écriture : les textes

Ici, les visiteur·euses et membres de notre communauté s'essaient à l'art de l'écriture, explorant les multiples chemins de l'imaginaire, du réel, de l'intime ou du collectif. Chaque texte est une empreinte singulière, une pièce ajoutée au grand puzzle de la créativité partagée.

Que ces récits, fragments ou éclats d'écriture vous inspirent, vous surprennent ou vous émeuvent. Et surtout, n'hésitez pas à lancer ou relancer à votre tour la Petite Fabrique : une consigne, une citation inspirante ou un élan personnel suffisent pour nourrir votre inspiration et muscler votre créativité.

Bonne lecture et belle écriture à vous !

Lancez la petite fabrique >
Vain, pas si vain
Les oriflammes des princes ont chuté, en origami décati, voiles de vaisseaux épandus sur la mer de topaze. Le silence des parleries effacées, au supplique du récit, à la laisse du rivage, claque les portes aux cancrelats et cloportes, dissipant en vapeur les lamentations de la vallée. Pile ou face, toujours les mêmes histoires : les vêpres du désir, l'oxyde de la vie ... Tes palinodies me claquemurent dans un éternel désaveu, la nonchalance écrite dans la mémoire des pores.
Diapason
Un vent d'amour l'enveloppe. La sève régénératrice abreuve ses racines, cristallisant sa force de soutien. Il n'aspire plus à rivaliser avec la cinquième montagne. Il se contente d'être pleinement. Même quand il sert d'appui aux vélos. L'essence même de l'ouvrage. La trame issue du choc des entités. Et lorsque la nuit les couvre, ils sont emplis de la sérénité de l'instant. Le son de la clarinette me transporte dans un déhanché biguinant. La musique m'ouvre les voies célestes. Je suis une déesse dansante, jusqu'à la chute fatale qui me ramène vers eux. Allongée sur le sol, dans une posture inconvenante, j'aperçois, comme rescapée des cieux qui se sont maintenant refermés, une étoile qui scintille sur le bord de la clarinette. C'est l'instant où la petite voix se fait entendre, bien réelle, en écho à la biguine endiablée. La musique s'échappe des hauts-parleurs de mon ordinateur, trop heureuse de profiter de cette brèche pour aller titiller les oreilles extérieures. Elle se mêle au chant de la rivière de façon si harmonieuse qu'elle pourrait inspirer une citation du livre du bonheur. Mon intérieur esquisse une vallée infinie. Enfin la poupée de chiffon a rendu l'âme. La voix de la connaissance a laissé des traces sur le sable. Maintenant la mer les efface.
insomnie
répétait-elle, en regardant le ciel. Tiens je mangerais bien une orange
ou plutôt non, j'ai envie de travailler les tirages de ces roches que j'ai photographiées hier...allons dans la chambre noire pourrais-je m'abriter sous un toit , ou devrais-je encore prendre un livre, pour renaitre à un nouveau monde ? soudain cette ferveur qui m'emplit, qui m'emporte, comme si je me trouvais dans le ventre immense de la vague qui pourra me porter ailleurs, loin... privé de la douceur d'un dessert qu'il avait convoité, il s'en souvenait encore. Là-bas, dans la yourte, il se sentait prêt à la patience. La patience, comme un fil à plomb qui vous tient bien droit, en face de votre désir, et si vous regardez votre visage dans le miroir, vous pouvez y voir cette résolution pendant que mon chat ronronne, insouciant, et je remplis mon cendrier, et tout part en fumée... et mon imagination court.....toute cette fumée, qui s'élève, repartir de rien, renaitre sur cette terre d'ombre brûlée, ressentir la joie d'un nouveau départ me disais-je en aparté, fasciné par les reflets moirés de son kimono, qu'elle enfilait toujours avec cette grâce inimitable, aussi pure que le son déchirant du violon, entendu la première fois que je l'avais remarquée dans le dédale de mon esprit, cette pose éphémère que j'avais saisie au vol, persistait
Les papillons s'y posent, attirés par la lumière du vernis sur le cuir, et pour eux c'est une mort certaine et imminente. Dans le tourment de leur vanité, ils connaissent très bien la vérité indiscible, celle qui les conduit inéluctablement vers la fin. Le Soleil a ce dont de vous aveugler en vous laissant la vie, et même dans le plus fou de ses rêves, la Lune n'aura jamais le courage de se laisse mourir afin de se laisser consumer par son amour dévorant pour celui qu'elle ne croise que rarement, entre le jour et la nuit, dans un instant confus et diffus. Au lieu de cela, elle se complait à raconter (et écrire parfois) ses désirs d'éclipse, dans l'infini des nuits utérines, à ses amies les étoiles, qui brillent pour mieux mourir, au lieu de se cacher comme elle, derrière la lumière d'un Soleil qui n'est déjà plus là quand on s'aperçoit qu'il l'est. Je sens qu'elle m'appelle, la forêt, et sais que comme toujours, je vais pouvoir y puiser mon énergie vitale, celle qui la nuit, me fait oublier le soleil, et qui m'aide à comprendre, au plus profond de moi, la mort des papillons. L'immensité de la forêt profonde est la seule zone où mes délices ailées prennent forme et grandissent, jusqu'à donner le jour à des bourgeons de plaisir. Il porte le même foulard, celui avec les papillons. Elle sait que cela annonce le départ, et qu'il ne se reverront pas. Mais pourquoi pas ? N'est-ce pas le destin d'une Lune ? L'éternité de la chambre noire ? Qui peut bien échapper à sa définition ? Certainement pas elle, astre de la nuit, insatiable et damnée à l'insatisfaction. Pour une histoire de foulard aux papillons et un rêve de coïncidence fortuite, de celles qui n'arrivent que dans les romans et les films, de celles qui vous donnent une raison de continuer à vivre, de supporter les minutes qui passent. Quitter l'étendue désespérée où elle a grandit, sortir de ces abymes d'illusions et de mensonges. Elle savait depuis le début que se réalité était ailleurs, au-delà, dans un espace plus ouvert, libre, infini, infiniment libre.
Histoires en Chemin
Je recherche sans cesse mon itinéraire, celui qui me mènera vers elles et, perdue souvent ma boussole me fait défaut. Laisser son regard vers le sol, scrutant les Citrines de ces corps manquants. Le goût amer que me laisse cette improbable incertitude. Le raclement profond de ma gorge qu'il induit et qui laisse uniquement les paroles d'ombres s'exprimer. Car tant de palabres sur les animaux jamais, ne m'ôteront la certitude que je l'avais vue un soir. Et au lieu de suivre ce chemin maudit de Terre d'ombre brûlée, je rêvais sans cesse les yeux rivés sur un astre inconnu. La ferveur mise dans ces mots sont autant de confessions inconscientes marquées sur le papier. Je me retrouve à écrire encore et encore, comme ma chair endolorie me rappelle les souffrances de mon âme, oui, nous sommes en Terres d'Amériques et les mots me libèrent du pesant héritage de mon pays. Échapper à ses propres errances en suivant l'imaginaire du stylo sur la feuille décrivant comme les mesures d'une portée de musique, les milles cases qui nous reconstruisent. Car d'une grotte aux parois libres de leur parcours à la maison droite et obéissante que chacun imagine, le fil à plomb de cette reconstruction est bien dans la tête et nulle part ailleurs.
Le premier amour est toujours le dernier
Des lagunes sous mes pieds de feu La mer est ma conversion Dans ses yeux, il y avait un marché en plein soleil dégoulinant de couleurs potagères et de senteurs aromatiques J'étais Moha le fou, j'étais la joie dans le désert Mes pas résonnent du silence des cailloux en marche pour un jour en rond un jour sans trajectoire sans chemin sans lendemain Le vin de la nuit sacrée a remplacé le sang de mes ancêtres comme le papier se charge de l'odeur du temps La vaisselle de nos mères gardent en mémoire les enfants des rues étroites A la lumière de notre coeur, la flamme de la raison s'éteind pour que l'arbre pousse dans l'ombre car le premier amour est toujours le dernier