La petite fabrique d'écriture : les textes

Ici, les visiteur·euses et membres de notre communauté s'essaient à l'art de l'écriture, explorant les multiples chemins de l'imaginaire, du réel, de l'intime ou du collectif. Chaque texte est une empreinte singulière, une pièce ajoutée au grand puzzle de la créativité partagée.

Que ces récits, fragments ou éclats d'écriture vous inspirent, vous surprennent ou vous émeuvent. Et surtout, n'hésitez pas à lancer ou relancer à votre tour la Petite Fabrique : une consigne, une citation inspirante ou un élan personnel suffisent pour nourrir votre inspiration et muscler votre créativité.

Bonne lecture et belle écriture à vous !

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Les voix et les mots
Dimanche, c'était la crise dans la cuisine. La casserole a pris feu. Le riz était brûlé. Nous n'avions rien à manger. C'est une certitude, Venise est en Italie. Les voix qui viennent de l'au-delà créent ma boussole et sur tes lèvres je devine les mots. Du vénérable jusqu'à l'ombre. Sur le mur, très fort, j'ai repris l'écriture. Tous les innocents racontent une première histoire. Epouse de la République de Venise, celle que son corps réclame. Et les récits circulaires sous la lampe. L'ancienne chambre noire s'éclaire. Et sur la roche, le reflet du couchant des arbres.
Marguerite Lemaître
Un rêve de grandeur
Comme les ailes du papillon oublient le temps qui les a aidées à bouger A l'instar, sans la magie qui le fait fonctionner, l'Empire demeurait infertile Un sacrifice à Morphée que j'accomplis avec amour Peut-être parce que la vérité de la réalité ne peut provenir que du fruit de nos rêves La destruction de notre monde n'adviendra qu'à la fin de ce récit Il est facile d'oublier le livre que j'ai laissé, mais pas la brume d'été que j'ai pu enfin apprécier Tout cela apparaissait comme une bien mauvaise main face à un loup affamé pour franchir une nouvelle étape pour atteindre l'élégance du hérisson Si tel est le cas, alors la Connaissance de la mort ne pourrait s'expliquer que sur un ton sarcastique Cela ne serait alors qu'un rêve idiot peint sur un tableau
Josuha
Océans de terres
l'astre liquide dans le marécage des absurdes et sans horreurs d'un mensonge réussi un dimanche après midi habit du mort sous l'arbre où elle a enterré sa matrice un dimanche d'avril sous la table il y a des larmes dans les choses terreuses, taiseuses, lèvres cousues de fièvres le visage reste inconnu, improbable et somnanbule dans un dédales d'errances vertigineuses dans l'antre de ma terre d'amérique a la couleur du trépas, ocre rouge, limonite et goethite couleur d'ombre de terre brûlée dans des défaites séculaires Le fil à plomb de la mémoire plie au carré la ferveur terreuse des souvenirs ensevelis sous les mots d'une langue qui n'est pas la mienne entre feu et vent pour dire le poison de la langue terre ravagée, fouillée, éparpillée, asphyxiée je sais que la terre d'amérique est ma mère malgré tous les orages qui m'ont fait balayer les océans
Gilda Gonfier
Terres
Le vent enfante la terre. Dans mes prières je mélangeais la terre et mes larmes pour enfanter à mon tour la boue. Les ronces bousculent les lieux. Les racines de l'arbre esquive la rocailles et enfante le sol La terre diable élargit son domaine dans la vase au mépris du vent qui veut la poussière Mourir dans le sable et ressusciter des gestes pour être ensevelis à nouveau Oublier le feu et à dos de souvenirs amers s'enfoncer profond dans la terre impertubablement Oublier le sable dans mes chaussures rêver de circulations liquides, vaseuses, marécages de bulles lourdes de terre et d'eau détendue de terre et de ponts esquissés des guerres rêvées de l'autre côté du temps des terres effondrées Oublier les fièvres, la langue devenue terre dans une mer de larmes d'obscurité entourée de terre en sciure rongée jusqu'à l'os, réduite en particules à cet endroit, squelette travaillé par les vents, tapent, cognent, sourds et envoyés au diable sur un tas de terre vieille accumulée, ténu, teigne et sans teneur ni endroit
Gilda Gonfier
Un lieu où
Un lieu où sécher ses larmes et bannir les ombres. Poussières de nuages balayés sur les plaines arides. Faire fondre le goudron des routes et retrouver la trace des anciens chemins, de la terre première. Comme un bain de mer dans le grand soleil, et l'odeur de sel sur la peau. Au pied des troncs, des feuilles mortes. Un lieu où l'on mangerait des oursins au sel au bord de l'eau un jour de grand soleil. D'innombrables parcelles de vie ignorées des armes. Regarder l'envers des feuilles et enfouir son visage dans la terre. S'asseoir sur le grand tronc coupé et regarder la poussière soulevée par le vent. Sur les paupières, vingt-deux étoiles.
Emilie
Sources
la défaite des sources joie et liaison impossible dans la certitude des dimanche avec des gâteaux à l'ananas la passerelle est une histoire qui n'arrache les ailes qu'à ceux qui ont cessé de rêver choses à confesser dans le silence une couleur des liaisons dans les sources brûlées d'ombre terre Tous mes continents intérieurs sont fissurés de fièvre avec certitude j'irai au bout de la disparition avec mes paroles d'ombres dans le dos Une étoile nouvelle arrache l'histoire des mesures du temps dans un marécage de sang je laisse mes traces faites de silences
Gilda Gonfier